États-Unis : AGOA en suspens, Washington appelle l’Afrique à repenser la coopération commerciale.

Alors que l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) approche de son échéance en septembre 2025, son avenir reste incertain. C’est ce qu’a confirmé Troy Fitrell, haut responsable du Bureau des Affaires africaines du département d’État américain, lors d’une conférence de presse en ligne. Le diplomate a appelé à un débat au Congrès sur le renouvellement de l’accord, tout en soulignant la nécessité de l’adapter aux réalités économiques actuelles et aux aspirations africaines à un partenariat plus équilibré.
« Je suis un fervent partisan de l’AGOA », a déclaré Fitrell, rappelant que cette loi commerciale, adoptée en 2000, a permis à plusieurs pays africains d’accéder de manière préférentielle au marché américain. Toutefois, il a précisé que toute décision de prolongation relève du Congrès. Il a également insisté sur le besoin de réciprocité : « Si l’AGOA devait être renouvelée, je m’attends à ce qu’elle reflète le monde moderne plutôt que celui d’il y a 25 ans. »
La question de la compatibilité entre l’AGOA, les tarifs douaniers américains récemment renforcés, et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) a également été soulevée. Depuis janvier 2025, l’administration Trump a instauré des droits de douane allant jusqu’à 50 % sur certaines importations africaines, fragilisant les exportations de pays comme l’Afrique du Sud, le Lesotho, Maurice ou Madagascar.
Face à ce contexte tendu, Fitrell a exhorté les diplomaties africaines à jouer un rôle plus actif dans les discussions : « Qu’avez-vous fait pour contribuer au renouvellement de l’AGOA ? », a-t-il lancé, renversant la perspective.
Selon lui, certains États africains, conscients des risques, ont déjà proposé des positions claires et souhaitent établir des zones de libre-échange avec les États-Unis, dans une logique de bénéfices mutuels. Cependant, l’administration Trump privilégie désormais des accords bilatéraux réciproques au détriment du cadre multilatéral qu’incarne l’AGOA.
Alors que des propositions bipartites existent pour prolonger l’AGOA jusqu’en 2041, leur rejet par la Maison-Blanche laisse planer l’ombre d’une rupture commerciale majeure entre les États-Unis et l’Afrique.
Amen K.