Afrique de l’Ouest et centrale : L’inquiétante recrudescence des coupures de fibre optique et les ripostes institutionnelles.

Afrique de l’Ouest et centrale : L’inquiétante recrudescence des coupures de fibre optique et les ripostes institutionnelles.

Les coupures de fibre optique deviennent un véritable casse-tête pour les opérateurs télécoms africains. Rien qu’au Ghana, 5 600 interruptions ont été enregistrées en 2024, selon la Chambre ghanéenne des télécommunications (GCT). Si ce chiffre est en baisse par rapport aux 6 232 cas de 2023, il reste préoccupant. Ces coupures perturbent la qualité des services, entraînent des pertes économiques majeures et sapent la confiance des usagers.

Les causes sont multiples : travaux routiers (20,68 %), vols et vandalisme (13,98 %), activités immobilières (13,4 %), constructions de caniveaux, agriculture, incendies, inondations ou encore interventions d’entreprises publiques comme la Ghana Water Company Limited et l’Electricity Company of Ghana. En 2023, le coût des réparations de la fibre optique au Ghana a atteint 9,2 millions USD, avec un cumul de 422 jours de temps de rétablissement.

Cette problématique dépasse largement les frontières ghanéennes. Le Nigeria a enregistré plus de 50 000 coupures en 2024, dont 30 000 causées par des travaux routiers publics. Les opérateurs y ont investi 23 millions USD pour les réparations en 2023. En Ouganda, plus de 820 actes de vandalisme ont été recensés entre 2022 et 2024, avec des interruptions dépassant parfois 134 heures.

Au Cameroun, Camtel a signalé plus de 1 000 sabotages en 2024, visant délibérément des points stratégiques du backbone national. En Côte d’Ivoire, Orange a recensé près de 1 000 coupures en 2024, impactant lourdement les services mobiles et fixes. En Gambie, l’opérateur Gamtel continue de faire face à des coupures récurrentes, souvent causées par des travaux de la Gambia National Water & Electric Company.

Face à cette menace, les autorités s’organisent. Au Ghana, la GCT plaide pour une loi de protection des infrastructures, l’intégration systématique des conduites télécoms dans les projets routiers et une coordination accrue entre acteurs. Au Nigeria, le président Bola Tinubu a signé une ordonnance criminalisant tout acte de sabotage contre les infrastructures télécoms. Un comité interministériel a été mis en place pour coordonner les interventions.

L’Afrique prend conscience que la fibre optique, véritable colonne vertébrale numérique, mérite une protection prioritaire à la hauteur de son rôle stratégique pour le développement.

 Amen K.

admin

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