Conflit Iran–Israël : Quand les ONG internationales choisissent leurs silences.

Conflit Iran–Israël : Quand les ONG internationales choisissent leurs silences.

Alors que la tension entre l’Iran et Israël a franchi un nouveau seuil de confrontation militaire directe en 2024, l’onde de choc de ce conflit dépasse largement le Moyen-Orient. En Afrique, où les ONG internationales sont souvent omniprésentes dès les premiers signes de crise, le silence quasi-total de ces organisations face à l’escalade entre Téhéran et Tel-Aviv interpelle. Ce mutisme, aussi stratégique soit-il, soulève des questions de cohérence, de sélectivité et de crédibilité dans l’action humanitaire et la défense des droits humains à l’échelle mondiale.

Dans les conflits internes africains, ces ONG n’hésitent généralement pas à communiquer, documenter, condamner et interpeller les États. Elles publient des rapports, mobilisent les bailleurs de fonds et exercent une pression constante sur les gouvernements. Pourtant, face à un conflit impliquant deux puissances régionales dotées de capacités militaires sophistiquées et d’alliances géostratégiques sensibles, le ton change. La prudence devient la règle, la neutralité un prétexte, et l’absence de position claire, un choix assumé.

Pour les observateurs africains, cette attitude met en lumière une réalité souvent ressentie : la gestion différenciée des crises selon leur origine géographique ou politique. En Afrique, la souveraineté des États est régulièrement remise en cause au nom de la protection des civils. Mais face aux puissances du Moyen-Orient, ce principe semble relégué au second plan. Ce deux poids, deux mesures alimente une perception d’iniquité dans l’engagement humanitaire international.

Au-delà du silence, c’est le message implicite que cela envoie qui dérange : certaines vies semblent mériter plus d’attention que d’autres. Cette hiérarchie des urgences humanitaires fragilise la légitimité même des ONG, en particulier lorsqu’elles opèrent dans des contextes où la population perçoit déjà leur action comme instrumentalisée ou politisée.

Pour les sociétés africaines, cette situation devrait inviter à repenser leur propre rapport à l’aide internationale et aux organisations non gouvernementales. Renforcer les ONG locales, développer des mécanismes africains de réponse aux crises et s’appuyer sur des réseaux régionaux comme l’Union africaine pourrait permettre de réduire la dépendance à des acteurs dont l’agenda global reste souvent flou.

Le conflit Iran–Israël ne se joue pas sur le sol africain, mais son traitement médiatique et humanitaire nous concerne. Il interroge sur la cohérence des valeurs affichées, et sur la place que l’Afrique entend occuper dans l’ordre moral mondial à venir.

Amen K.

admin

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