Afrique : Intelligence artificielle, une opportunité pour refonder l’éducation.

Face à une crise éducative profonde, l’Afrique peut s’appuyer sur l’intelligence artificielle (IA) pour transformer ses systèmes scolaires. Alors que les effectifs explosent, les enseignants manquent et les infrastructures sont insuffisantes, l’IA ouvre des perspectives durables pour améliorer l’apprentissage et la gouvernance de l’éducation.
En 2024, selon l’UNESCO, 58 % des adolescents de 15 à 17 ans en Afrique subsaharienne n’étaient pas scolarisés, et 98 millions d’enfants étaient totalement hors du système. Dans de nombreuses régions, l’accès à l’électricité, à Internet et aux ressources pédagogiques reste très limité.
Parmi les défis les plus urgents : la pénurie d’enseignants qualifiés. Il faudrait recruter plus de 16,5 millions de nouveaux enseignants d’ici 2030 pour répondre à la croissance démographique. Loin de remplacer les enseignants, l’IA peut leur apporter un appui précieux : automatisation de la correction des devoirs, génération de supports pédagogiques personnalisés ou planification des cours. Au Kenya, l’assistant Kalasik, un chatbot éducatif, aide déjà certains enseignants à gagner en efficacité.
L’IA permet aussi d’individualiser les apprentissages, en proposant des contenus adaptés au niveau et au rythme de chaque élève. Dans des classes souvent surchargées, cette approche est quasi impossible sans outils numériques. Des plateformes interactives offrent ainsi des exercices, des tutoriels et des retours personnalisés, y compris hors temps scolaire. L’outil Kwame for Science, utilisé dans 11 pays d’Afrique de l’Ouest, fournit un tutorat en sciences avec un taux de précision de 87 %.
L’IA peut également transformer la gouvernance éducative. Grâce à l’analyse de données en temps réel, les ministères de l’Éducation peuvent mieux cibler les zones de sous-scolarisation, anticiper les besoins en personnel et infrastructures, et planifier leurs actions plus efficacement.
Plusieurs pays africains ont déjà lancé des stratégies nationales d’IA intégrant l’éducation : le Kenya, la Zambie, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, mais aussi le Sénégal, le Burkina Faso et le Congo. L’objectif est de promouvoir à la fois l’usage de l’IA dans les écoles et le développement de compétences numériques.
Cependant, des obstacles majeurs demeurent : infrastructures numériques faibles, manque de formation, financement insuffisant, et enjeux éthiques. Protéger les données, adapter les outils aux contextes locaux et garantir un engagement politique et financier durable sont essentiels pour construire un écosystème éducatif inclusif, pérenne et réellement transformateur.
Amen K.