RDC : L’accord de Doha face à l’épreuve du terrain, entre espoir de paix et réalités conflictuelles.

RDC : L’accord de Doha face à l’épreuve du terrain, entre espoir de paix et réalités conflictuelles.

Signée le 19 juillet 2025 à Doha, au Qatar, la Déclaration de principes entre le gouvernement congolais et l’AFC/M23 suscite espoir et scepticisme. Présentée comme une étape vers un accord de paix global, attendu au plus tard le 18 août, elle marque une avancée politique significative après des décennies de conflit à l’est de la République démocratique du Congo. Mais sur le terrain, la réalité reste tendue.

Avant toute conclusion d’un accord définitif, la déclaration impose plusieurs engagements préliminaires : interdiction de toute attaque, échange de prisonniers, mise en place d’un mécanisme de supervision incluant des acteurs régionaux et internationaux tels que la MONUSCO, l’Union africaine, le CICR et les États-Unis.

L’un des points centraux, et déjà controversé, concerne le sort des zones occupées par le M23. La déclaration interdit explicitement toute tentative de conquête ou de modification des positions militaires, ce qui implique un retrait progressif du M23 et le rétablissement de l’autorité de l’État congolais.

Cependant, les divergences d’interprétation se font rapidement sentir. Le gouvernement congolais, par la voix de son porte-parole Patrick Muyaya, a déclaré que le retrait du M23 est non négociable. De l’autre côté, le M23 tempère. Benjamin Mbonimpa, chef de la délégation à Doha, affirme qu’« il n’est écrit nulle part que l’AFC/M23 va se retirer ». Son porte-parole, Lawrence Kanyuka, a renchéri en déclarant : « Nous sommes à Goma avec la population et nous n’allons pas en sortir ».

Pendant ce temps, les combats sporadiques se poursuivent dans les territoires de Masisi et Rutshuru, dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, remettant en question l’effectivité du cessez-le-feu censé entrer en vigueur avant le 29 juillet.

Selon le politologue Bob Kabamba, cette déclaration reste théorique : « On se met d’accord sur des choses que l’on doit faire, ce qui est différent de s’engager à les faire ». La fragilité de la dynamique actuelle, accentuée par le manque de dispositions sur des questions clés comme l’accès aux services bancaires, risque de compromettre la suite du processus. Les prochaines semaines seront donc décisives pour juger de la volonté réelle des parties à faire la paix.

Amen K.

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