SADC : Le défi de l’intégration face aux chocs extérieurs

Alors que la SADC entame une nouvelle séquence sous présidence malgache, le fossé persiste entre ses ambitions d’intégration régionale et la réalité de son fonctionnement. Malgré l’adoption de vingt-sept protocoles depuis 1992, leur application reste limitée et inégale, fragilisant la cohésion du bloc face aux défis économiques et géopolitiques.
Le récent 45e sommet, organisé à Antananarivo, a une nouvelle fois mis en lumière ces contradictions. Alors que les États membres affichent une volonté commune de renforcer l’industrialisation et la transition énergétique, les instruments censés concrétiser cette intégration comme le Protocole sur le commerce ou celui sur l’industrie peinent à être ratifiés et mis en œuvre. Seuls six pays ont par exemple ratifié le protocole industriel de 2019.
Cette fragmentation a des conséquences directes. Le commerce intra-régional stagne autour de 23 %, et de nombreux produits restent soumis à des barrières douanières, malgré la zone de libre-échange. Pire, face aux surtaxes américaines imposées en avril 2025, les réponses ont été dispersées : négociations bilatérales pour Madagascar, suspension unilatérale des droits de douane par le Zimbabwe, initiatives isolées pour le Lesotho et l’Afrique du Sud.
Pourtant, des signaux encourageants émergent. La SADC a lancé une évaluation collective de l’impact des mesures américaines, et l’Angola a finalisé son offre tarifaire pour rejoindre pleinement la zone de libre-échange, portant à quatorze le nombre de membres actifs. La convergence avec la Zlecaf ouvre également de nouvelles perspectives pour diversifier les exportations et renforcer les chaînes de valeur régionales.
Le défi pour la présidence malgache sera de transformer ces avancées en actions concrètes et de convaincre les États de dépasser leurs réflexes nationaux. Dans un monde marqué par le retour des logiques unilatérales, l’urgence d’une voix commune et coordonnée n’a jamais été aussi forte. La crédibilité future de la SADC en dépend.
Amen K.