Libye : Tripoli sous tension face à l’escalade entre Dbeibah et les milices

Libye : Tripoli sous tension face à l’escalade entre Dbeibah et les milices

La capitale libyenne est entrée en état d’alerte maximale après le déploiement massif de convois militaires venus de Misrata. Le Premier ministre Abdel Hamid Dbeibah, fragilisé par ses rivalités avec les puissantes milices de Tripoli, cherche à imposer son autorité sur la base stratégique de Mitiga, principal aéroport et centre militaire de la capitale.

Selon des sources locales relayées par la presse internationale, plusieurs centaines de véhicules armés, équipés d’armes lourdes et de systèmes antiaériens, ont convergé vers Tripoli ces derniers jours. Cette démonstration de force vise à préparer un affrontement avec l’Appareil de dissuasion contre le terrorisme et le crime organisé, plus connu sous le nom de « Forces de dissuasion », une milice salafiste solidement implantée à l’est de la capitale.

La situation s’inscrit dans un climat d’instabilité persistante. Depuis l’assassinat en mai du chef de milice Abdulghani al-Kikli, dit « Ghaniwa », l’équilibre sécuritaire de Tripoli a été bouleversé. En réaction, Dbeibah, également ministre de la Défense, avait lancé une offensive contre les Forces de dissuasion. L’opération s’est toutefois soldée par un échec, débouchant sur un cessez-le-feu fragile.

Le chef du gouvernement a depuis multiplié les pressions, exigeant la remise du complexe de Mitiga, qui abrite non seulement l’aéroport mais aussi une prison stratégique. Les dirigeants de la milice refusent catégoriquement, affirmant défendre leur territoire de Souk al-Juma où ils jouissent d’un soutien populaire, notamment pour leur rôle dans la lutte contre les réseaux de l’État islamique.

« Ce soi-disant gouvernement d’union nationale est criminel », a dénoncé un responsable de la milice, accusant l’exécutif de corruption et de détournement des revenus pétroliers. Dbeibah, perçu à ses débuts comme un facteur de stabilité, a longtemps consolidé son pouvoir en finançant les milices grâce aux recettes pétrolières, mais l’assèchement progressif de ces ressources l’a poussé à s’attaquer à ses anciens alliés.

La crise dépasse désormais les frontières de Tripoli. À l’est, le maréchal Khalifa Haftar, chef de l’Armée nationale libyenne basée à Benghazi, suit la situation de près. Après son échec en 2019 à conquérir la capitale, l’hypothèse d’une reprise des hostilités à grande échelle nourrit la crainte d’un retour à la guerre civile dans un pays déjà meurtri par quatorze années de chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi.

Amen K.

admin

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