RDC : Le cobalt placé sous quotas d’exportation, un tournant stratégique pour la géopolitique minière.

RDC : Le cobalt placé sous quotas d’exportation, un tournant stratégique pour la géopolitique minière.

La République Démocratique du Congo (RDC), qui détient à elle seule près de 70 % des réserves mondiales de cobalt, a pris une décision sans précédent qui bouleverse les marchés internationaux. À travers l’Autorité de régulation et de contrôle des marchés des substances minérales stratégiques (ARECOMS), le pays a instauré un système de quotas d’exportation de cobalt valable jusqu’en 2027. Cette mesure marque une étape décisive dans la gestion de cette ressource devenue indispensable aux technologies vertes et aux batteries de véhicules électriques.

Concrètement, l’ARECOMS a fixé pour la fin de l’année 2025 un plafond de 18 125 tonnes de cobalt autorisées à quitter le territoire, avec une répartition mensuelle précise : 3 625 tonnes en octobre, 7 250 tonnes en novembre et 7 250 tonnes en décembre. Pour l’année 2026, les exportations seront limitées à 96 600 tonnes, dont 87 000 tonnes de quota de base et 9 600 tonnes de quota stratégique réservées aux projets jugés essentiels pour l’économie nationale.

Cette restriction survient alors que la demande mondiale explose, tirée par la transition énergétique et l’essor des industries liées aux énergies propres. La RDC, premier producteur mondial, cherche à accroître la valeur ajoutée générée par son cobalt en maîtrisant mieux les volumes mis à disposition des marchés extérieurs, tout en garantissant un approvisionnement pour sa propre filière de transformation locale.

L’accès aux quotas sera cependant encadré par des conditions strictes. Les entreprises ayant exporté moins de 100 tonnes en 2024, celles disposant d’une raffinerie mais sans activité minière récente, ou encore celles dont les gisements sont déclarés épuisés, seront exclues du dispositif. Deux sociétés publiques, l’Entreprise Générale du Cobalt (EGC) et la Société du Terril de Lubumbashi (STL), bénéficieront toutefois de régimes particuliers. Le régulateur a également prévu la possibilité de revoir les volumes chaque trimestre afin de réagir à d’éventuels déséquilibres sur le marché mondial. De plus, toute part non utilisée du quota de base sera automatiquement reversée au quota stratégique, renforçant ainsi le contrôle de l’État congolais sur cette ressource vitale.

Cette décision soulève des questions sensibles. Comment réagiront les principaux importateurs Chine, États-Unis, Finlande, Italie et Maroc face à cette limitation soudaine? Le dispositif est-il en conformité avec l’esprit du code minier national? Ne risque-t-il pas d’entrer en conflit avec le ministère des Mines dirigé par Watum Kabamba ? Les analystes anticipent déjà une forte volatilité des prix du cobalt. Si certains craignent des répercussions sur le budget national de 20,6 milliards de dollars prévus pour 2026, d’autres estiment que cette stratégie pourrait permettre à la RDC de valoriser davantage ses ressources et de bâtir une véritable industrie locale.

Amen K.

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