Nigeria : Lancement de N-ATLAS v1, un modèle d’IA multilingue pour réduire la barrière linguistique en Afrique

L’adoption de l’intelligence artificielle progresse rapidement en Afrique, mais les obstacles liés aux langues locales freinent encore son déploiement à grande échelle. Pour y remédier, le gouvernement nigérian a annoncé, récemment le lancement de N-ATLAS v1, un grand modèle de langage (LLM) open-source et multilingue.
Ce nouvel outil, présenté par Bosun Tijani, ministre des Communications, de l’Innovation et de l’Économie numérique, prend en charge quatre langues : le yoruba, le haoussa, l’igbo et l’anglais, avec une spécificité adaptée à l’accent nigérian. Basé sur la technologie LLaMA développée par l’entreprise américaine Meta, le modèle a été conçu par Awarri Technologies dans le cadre du programme Nigerian Languages AI. L’initiative a pour objectif de favoriser l’inclusion numérique tout en préservant le patrimoine linguistique africain à l’ère du numérique.
Les autorités nigérianes soulignent que N-ATLAS v1 peut servir de socle à de multiples applications : création de chatbots multilingues, traduction de contenus, développement de supports éducatifs, documentation des langues africaines ou encore mise en place de services gouvernementaux alimentés par l’IA. Ce projet s’inscrit dans une stratégie plus large visant à renforcer l’accès équitable aux technologies numériques sur le continent.
La barrière linguistique est depuis longtemps considérée comme un frein majeur à l’essor de l’IA en Afrique. Lors du sommet mondial AI for Good 2024 organisé par l’Union internationale des télécommunications (UIT), Pelonomi Moila, PDG de Lelapa AI, avait rappelé que les utilisateurs non familiers avec les grandes langues européennes sont souvent exclus des services numériques, allant des assistants vocaux aux portails administratifs.
Il est toutefois important de noter que N-ATLAS v1 n’est pas directement accessible au grand public comme ChatGPT ou Gemini. Le modèle est hébergé sur la plateforme spécialisée Hugging Face, où les développeurs peuvent le télécharger afin de concevoir des applications concrètes, telles que des chatbots spécialisés ou des outils de traduction. Les utilisateurs finaux ne pourront donc en bénéficier qu’une fois ces solutions mises en service.
Avec cette avancée, le Nigeria espère se positionner comme un acteur majeur de l’intelligence artificielle en Afrique, tout en valorisant ses langues nationales dans la révolution numérique mondiale.
Amen K.