Rwanda : Kigali accueille les premiers migrants expulsés des États-Unis dans le cadre d’un accord controversé.

Le Rwanda a confirmé ce 28 août avoir accueilli un premier groupe de migrants expulsés des États-Unis, dans le cadre d’un accord migratoire discret récemment conclu avec Washington. Sept personnes en situation irrégulière sont arrivées à Kigali mi-août, a indiqué le gouvernement rwandais, qui s’est engagé à en accueillir jusqu’à 250 au total.
Ce partenariat s’inscrit dans une stratégie américaine de délocalisation des expulsions vers des pays tiers, déjà amorcée avec le Salvador, l’Eswatini et le Soudan du Sud. À titre d’exemple, début juillet, huit migrants ont été envoyés au Soudan du Sud, parmi lesquels figuraient deux Birmans, deux Cubains, un Mexicain, un Laotien, un Vietnamien et un seul Sud-Soudanais.
Au Rwanda, les autorités assurent que tous les migrants expulsés ont reçu un accompagnement approprié. Selon la porte-parole du gouvernement Yolande Makolo, trois d’entre eux ont exprimé le souhait de retourner dans leur pays d’origine, tandis que quatre autres souhaitent s’installer au Rwanda.
Ce n’est pas la première fois que Kigali s’engage dans ce type de partenariat. En 2022, un accord similaire avait été signé avec le Royaume-Uni, mais annulé en 2024 après un changement de gouvernement à Londres et des critiques virulentes d’organisations de défense des droits humains. Ces accords, souvent lucratifs pour le Rwanda, lui permettent de renforcer sa position diplomatique sur la scène internationale, notamment dans le contexte tendu des relations avec la RDC.
Un militant des droits humains, sous couvert d’anonymat, estime que ces accords servent aussi d’outils de négociation dans les pourparlers de paix avec Kinshasa, alors que les États-Unis renforcent leur influence dans la région, notamment sur les ressources minières stratégiques de la RDC, essentielles à l’industrie des nouvelles technologies.
Par ailleurs, le faible nombre de migrants effectivement expulsés sept au Rwanda, huit au Soudan du Sud, cinq en Eswatini, souligne les limites pratiques du plan américain de déportation massive, malgré la volonté affichée par l’administration Trump depuis son retour à la Maison-Blanche.
Pendant ce temps, les discussions de paix entre le Rwanda et la RDC ont repris à Doha le 26 août, avec une déclaration de cessez-le-feu signée en juillet. Un contexte où les enjeux migratoires et géopolitiques semblent de plus en plus liés.
Amen K.