Chine : Le sommet de l’OCS 2025, vitrine d’un nouvel ordre multipolaire

La Chine a donné le coup d’envoi, dimanche 31 août à Tianjin, du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) 2025, présenté comme l’un des plus importants depuis la création de l’organisation en 2001. Le président Xi Jinping, hôte de la rencontre, a accueilli en grande pompe une vingtaine de dirigeants eurasiatiques, dont le président russe Vladimir Poutine, le Premier ministre indien Narendra Modi, le président turc Recep Tayyip Erdogan et le président iranien Massoud Pezeshkian.
Dans un contexte de tensions géopolitiques exacerbées par la guerre en Ukraine et la confrontation commerciale avec les États-Unis, Pékin entend se poser en pôle de stabilité et de coopération multilatérale. Le sommet met en avant l’idée d’un ordre mondial multipolaire, en opposition aux « mentalités de la Guerre froide » attribuées aux pays occidentaux.
La réception officielle a été marquée par des entretiens bilatéraux entre Xi Jinping et ses homologues, notamment Narendra Modi et Recep Tayyip Erdogan. Les discussions doivent se poursuivre mardi à Pékin entre Xi et Vladimir Poutine, afin d’évoquer la guerre en Ukraine, les questions énergétiques et la coopération stratégique. Des rencontres sont également prévues avec les dirigeants iranien et indien autour du nucléaire et des questions régionales.
La rencontre se déroule sous une sécurité renforcée, avec de vastes restrictions de circulation dans Tianjin. Des affiches officielles exaltent la « confiance mutuelle » sino-russe et l’« esprit de Tianjin », symbole d’un partenariat stratégique renforcé. Le sommet sera suivi mercredi d’un grand défilé militaire à Pékin, célébrant les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale et la victoire contre le Japon. Cette démonstration de puissance réunira plusieurs chefs d’État, dont Vladimir Poutine et Kim Jong-un, ce dernier effectuant une rare sortie hors de Corée du Nord.
L’OCS rassemble 10 États membres, 16 pays observateurs et partenaires, représentant près de la moitié de la population mondiale et près d’un quart du PIB planétaire. L’organisation est régulièrement présentée comme un contrepoids à l’OTAN. Pourtant, elle n’est pas exempte de tensions internes, notamment entre la Chine et l’Inde, qui s’efforcent de dépasser leurs différends frontaliers pour renforcer leur coopération face aux pressions américaines.
En accueillant ce sommet, la Chine affiche sa volonté d’incarner un centre de gravité diplomatique et militaire en Eurasie. Pékin et Moscou y voient l’opportunité de consolider une solidarité élargie face aux pressions occidentales et d’affirmer la montée en puissance d’un ordre multipolaire jugé « plus juste » et « plus équilibré ».
Amen K.