Ghana : L’or, moteur économique mais source de tensions persistantes avec les communautés.

Le Ghana s’est imposé depuis quelques années comme premier producteur africain d’or, devançant l’Afrique du Sud. Cette performance repose en grande partie sur l’exploitation industrielle menée par des multinationales, qui génèrent des recettes fiscales considérables pour l’État. En 2024, l’or a représenté 57 % des exportations totales du pays, soit 11,6 milliards de dollars, et près d’un quart des impôts directs collectés. Mais derrière ce succès économique, lor reste un sujet de tensions récurrentes avec les communautés locales.
La flambée du métal jaune, au-delà de 3 500 dollars l’once, n’a pas les mêmes retombées pour tous. Dans plusieurs régions minières, les populations dénoncent des impacts sociaux et environnementaux persistants. Un rapport récent de Pure Earth et de l’Autorité de protection de l’environnement alerte sur des niveaux alarmants de mercure liés à l’orpaillage artisanal illégal, appelé galamsey. Mais même l’exploitation industrielle, pourtant encadrée par la réglementation, est critiquée pour son manque d’investissements locaux.
Ces dernières années, les affrontements se multiplient entre habitants et compagnies. En septembre 2025, un élu local a été tué sur le site d’Asanko, propriété de Galiano Gold, lors de heurts autour des retombées économiques jugées insuffisantes. À Obuasi, où AngloGold Ashanti exploite une mine historique, la cohabitation reste fragile. Après la suspension des activités en 2016 à cause d’intrusions répétées, la reprise en 2019 n’a pas apaisé les tensions. En janvier 2025, des affrontements entre militaires et mineurs clandestins y ont fait sept morts.
Le site d’Ahafo, exploité par l’américain Newmont, a lui aussi été marqué par des protestations dès son lancement, avec des déplacements massifs de populations et une fuite de cyanure en 2009. Ces événements symbolisent une fracture profonde : les populations estiment que les bénéfices de l’or profitent trop peu aux communautés riveraines.
Au cœur des critiques se trouve la notion de « permis social d’opérer ». Contrairement au permis minier, délivré par l’État, ce permis repose sur l’acceptation des habitants. Sans lui, rappellent les experts, aucun projet ne peut s’ancrer durablement. Les standards ESG classiques apparaissent insuffisants face aux attentes croissantes de justice sociale et environnementale.
Les spécialistes plaident pour une meilleure gouvernance des fonds miniers de développement local, afin de financer des projets concertés et adaptés aux besoins réels. Car si l’or continue de briller pour l’économie nationale, il ne pourra être une richesse partagée que si les communautés se sentent véritablement associées à son exploitation.
Amen K.