Ghana : Entre dette et développement durable, l’État cherche son équilibre énergétique

Ghana : Entre dette et développement durable, l’État cherche son équilibre énergétique

Le Ghana tente de concilier transition énergétique et assainissement des finances publiques dans un secteur électrique marqué par des surcapacités coûteuses pour l’État. L’enjeu est de stimuler l’investissement privé dans le solaire et l’éolien tout en évitant les engagements contractuels qui alourdissent la dette publique.

Malgré un potentiel solaire et éolien reconnu, le pays peine encore à attirer des capitaux privés dans les énergies renouvelables. Le gouvernement, engagé dans une vaste réforme du secteur, a revu en profondeur les contrats d’achat d’énergie (PPA) pour améliorer la gouvernance et maîtriser les coûts. Ces réformes visent à « éviter d’aggraver le fardeau de capacité excédentaire », selon le ministère de l’Énergie.

Le réseau électrique ghanéen dispose en effet d’une marge de production excédentaire d’environ 2000 MW par rapport à la demande de pointe de 2022 (3 469 MW). Cette surcapacité génère des pertes techniques et commerciales importantes, estimées à près de 40 % de l’énergie produite, soit plus de 25 millions USD de pertes mensuelles. En 2024, les dettes de l’Electricity Company of Ghana (ECG) envers les producteurs indépendants atteignaient 1,73 milliard USD, d’après le ministère des Finances.

Ce déséquilibre découle en partie de contrats signés dans les années 2010, comportant des clauses “take-or-pay” qui obligent l’État à payer même pour des capacités non utilisées. Le Climate Policy Lab estime à plus de 3 milliards USD le montant total de la dette du secteur énergétique, illustrant le poids des engagements contractuels passés.

Face à cette situation, le gouvernement prône la prudence dans la signature de nouveaux PPA et concentre ses efforts sur la rationalisation du parc existant. En 2017 et 2018, un moratoire avait été instauré sur les nouveaux contrats dans le gaz et le renouvelable, partiellement levé en 2023.

Le cadre reste néanmoins contraignant : les investisseurs exigent des garanties financières solides de la part d’un acheteur public solvable, alors que l’ECG demeure fragilisée.

Pour relancer la dynamique, le ministère de l’Énergie prépare un nouveau modèle de PPA dédié aux énergies renouvelables, censé attirer les investisseurs sans creuser la dette publique. Un pari ambitieux mais nécessaire, alors que le Ghana, riche d’un ensoleillement moyen de 5 kWh/m²/jour et d’un potentiel éolien exploitable, cherche à transformer son avantage naturel en moteur de croissance durable.

Amen K.

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