Cameroun : Crise postélectorale, quand la France joue au pompier pyromane
 
					Décidément, la France adore jouer les donneuses de leçons. À peine la crise postélectorale camerounaise éclate-t-elle que sa représentation diplomatique à Yaoundé se fend d’un communiqué, appelant les autorités à « garantir la sécurité et l’intégrité physique de tous les citoyens ». Louable intention, dira-t-on. Sauf qu’à force de se mêler de tout, Paris finit par ressembler à ce pompier qui crie au feu après avoir lui-même allumé la mèche.
C’est une vieille habitude : dès qu’un pays africain éternue, la diplomatie française sort son mouchoir. On appelle cela l’inquiétude humanitaire ou, plus franchement, l’ingérence polie. Derrière des mots feutrés, c’est toujours la même musique : exhorter à la retenue, inviter au dialogue, exprimer une « vive préoccupation ». Des formules si bien rodées qu’on pourrait en faire un manuel diplomatique de la contradiction.
Car soyons sérieux, depuis quand la France ignore-t-elle ce qui se passe réellement au Cameroun ? Elle connaît parfaitement les ressorts internes, les acteurs, les tensions, et souvent même les futurs communiqués avant qu’ils ne paraissent. Ce double discours, où l’on joue les arbitres le jour et les stratèges la nuit, n’a qu’un but celui de garder la mainmise sur un espace géopolitique qu’on refuse de voir s’émanciper.
Et puis, à quel titre un pays étranger se permet-il, à chaque remous politique africain, de se poser en conscience morale du continent ? A-t-on déjà vu un gouvernement africain se fendre d’un communiqué pour exhorter Paris à la retenue lorsque les Gilets jaunes embrasaient ses avenues ? Non, bien sûr. En Afrique, on apprend à gérer ses problèmes sans leçons importées.
L’ironie, c’est que ces donneurs de conseils sont souvent les mêmes qui tirent les ficelles des crises qu’ils prétendent apaiser. Le mot « partenariat » devient alors synonyme de tutelle, et la « coopération » cache mal le contrôle.
Le Cameroun, comme d’autres nations africaines, n’a pas besoin de tuteurs diplomatiques mais de partenaires sincères. La paix ne viendra ni des communiqués bien tournés, ni des regards condescendants, mais de la souveraineté assumée d’un peuple. À force de jouer au pompier pyromane, la France devrait se souvenir qu’on finit toujours par s’asphyxier dans sa propre fumée.
Amen K.

 
			 
			 
			 
			 
			