Cameroun : Issa Tchiroma Bakary, le politicien caméléon qui justifie tout sans jamais assumer.
Le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle, Issa Tchiroma Bakary, voulait incarner la rupture et le nouveau. Mais à y regarder de près, son parcours respire le recyclé, l’ancien, le périmé. Derrière ses discours enflammés sur la transition et la jeunesse, se cache l’un des plus fidèles artisans du système qu’il prétend aujourd’hui dépasser.
Après sa démission en juin dernier, l’ex-ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement semble avoir découvert les vertus de la vérité et de la transparence. Quelle révélation tardive ! Pendant plus de deux décennies, Issa Tchiroma a fait profession de nier l’évidence, d’étouffer la vérité et de maquiller la faillite morale dans ses départements ministériels
Et maintenant, l’homme du déni se rêve en chantre du renouveau. Ironie ou provocation ? Pendant la campagne électorale, de nombreux observateurs lui ont posé la question fatidique : quel bilan peut-il dresser de son passage au ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle ? Silence gêné, contorsions verbales, détours oratoires : rien de concret. Ce ministère, censé redonner espoir à une jeunesse asphyxiée par le chômage, s’est enlisé sous sa direction dans la paperasserie et l’immobilisme.
Aujourd’hui, l’Institut national de la statistique (INS) nous apprend que plus de 75 % des jeunes Camerounais sont au chômage ou en sous-emploi. Triste record pour un homme qui avait entre ses mains la possibilité de changer le destin d’une génération. Mais dans la grande tradition « Tchiromienne », la faute ne lui revient pas : elle est ailleurs.
Aujourd’hui Issa Tchiroma parle encore d’avenir, de jeunesse, de transition. Quelle ironie ! Cette transformation relève de l’acrobatie politique : comment peut-on avoir été le visage d’un pouvoir pendant vingt ans et se présenter soudain comme la solution à des problèmes supposés qu’on a contribué à aggraver ? Sa rupture ressemble étrangement à une continuité déguisée, sa transition à une reconversion opportuniste.
La fourberie de cette stratégie saute aux yeux : elle consiste à capitaliser sur la notoriété acquise en tant que ministre tout en reniant la responsabilité des échecs. C’est le pari du double jeu politique, vouloir le prestige du pouvoir sans les contraintes de la reddition des comptes.
Amen K.
