Paix en Ukraine : L’Union européenne entre soutien ferme et divisions face au plan américain
Alors qu’à Kiev avait été annoncé récemment un nouveau « plan de paix » présenté par les États-Unis, les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne se sont réunis à Bruxelles pour réaffirmer leur soutien à l’Ukraine. Pourtant, cet appui européen n’est pas homogène, et plusieurs divergences apparaissent face aux concessions exigées à Kiev, qui pour beaucoup ressemblent à une capitulation.
Le consensus majoritaire au sein des 27 membres de l’UE est clair : toute paix durable doit impérativement impliquer l’Ukraine et l’Europe, avec des garanties solides. « Pour qu’un plan fonctionne, il faut que les Ukrainiens et les Européens soient impliqués, c’est très clair », a souligné Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie européenne. Cette implication se traduit notamment par un soutien à long terme à Kiev, tant financier que politique, afin de garantir la stabilité et la sécurité de la région.
Jean-Noël Barrot, ministre français des Affaires étrangères, a insisté sur ce point lors des discussions : « La paix ne peut pas être la capitulation ». Il a précisé que la France travaille à accorder un prêt réparateur à l’Ukraine, protégeant le pays contre toute difficulté financière à court terme, et a appelé à une adoption rapide de cette mesure avant la fin de l’année. Il réclame une paix durable assortie de garanties concrètes pour prévenir toute nouvelle agression russe.
Du côté allemand, Johann Wadephul a insisté sur la nécessité d’association étroite de l’Ukraine et de l’Europe dans toute négociation future, soulignant que ces pays ne peuvent être exclus des discussions sur le cessez-le-feu ou toute issue pacifique. Pour atteindre ces objectifs, les ministres européens misent sur le renforcement des pressions économiques et diplomatiques sur Moscou. La récente annonce de sanctions américaines contre le pétrole russe, principal moteur du financement du conflit, a ainsi été bien accueillie.
Toutefois, tous les États membres ne partagent pas cette ligne. Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, a fustigé le silence européen face aux révélations d’un scandale de corruption impliquant un proche du président ukrainien. « Si les dirigeants à Bruxelles avaient agi normalement, ils auraient suspendu immédiatement les paiements à l’Ukraine », a-t-il affirmé, exigeant une reddition de comptes claire.
À l’image de la Hongrie, des pays comme la Tchéquie et la Slovaquie manifestent des doutes et freinent parfois des décisions commune, créant un axe européen d’opposition envers une politique trop favorable à l’Ukraine. Cet équilibre fragile témoigne des tensions internes à l’Union européenne sur la manière de gérer cette crise majeure, entre volonté de défendre la souveraineté ukrainienne et réalités économiques et politiques internes aux États membres.
Amen K.
