Cameroun : Un modèle économique en mutation, entre réformes accomplies et défis persistants.
Malgré un environnement régional volatil et des défis sécuritaires internes persistants, l’économie camerounaise démontre une résilience notable. Cette robustesse n’est pas le fruit du hasard, mais découle d’une série de réformes structurelles engagées ces dernières années. Ces mesures ambitieuses visent à remodeler le modèle de développement national pour le rendre plus diversifié, compétitif et ancré dans son environnement régional.
Le cœur de cette transformation repose sur une volonté de diversification économique. Historiquement tributaire des revenus pétroliers, le Cameroun investit massivement dans des secteurs porteurs pour l’avenir. Les programmes de soutien à l’agro-industrie, à la transformation locale du cacao, du coton et du bois, ainsi qu’au développement des énergies renouvelables (à l’image du barrage de Nachtigal), illustrent cette stratégie. L’objectif est clair : bâtir une économie moins cyclique et moins vulnérable aux chocs externes sur les cours des matières premières.
Parallèlement, un effort considérable est consenti pour améliorer la compétitivité des entreprises camerounaises. La modernisation des infrastructures de transport, avec des projets tels que l’autoroute Yaoundé-Douala et le port en eau profonde de Kribi, vise à réduire significativement les coûts logistiques. La simplification des procédures administratives, via la dématérialisation et les guichets uniques, cherche à attirer les investisseurs et à stimuler l’entreprenariat local. Le renforcement du secteur financier, incluant l’assainissement de la microfinance et le développement d’instruments de crédit adaptés aux PME, complète ce tableau en facilitant l’accès aux capitaux.
La volonté d’intégration régionale constitue un troisième pilier stratégique. En position de hub en Afrique centrale, le Cameroun œuvre à renforcer sa connectivité et ses échanges au sein de la CEMAC. L’harmonisation des réglementations, le développement des corridors économiques et la participation active à la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf) visent à positionner les produits camerounais sur des marchés élargis.
Cependant, ce parcours de réforme n’est pas sans obstacles. L’exécution des grands projets peut être entravée par des lenteurs administratives, et l’insécurité dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest continue de peser sur l’activité économique locale et de détourner des ressources publiques. Le défi de la gouvernance et de la transparence dans la gestion des investissements publics reste également crucial pour garantir l’efficacité des dépenses.
Le bilan actuel est donc mitigé mais porteur d’espoir : les bases d’une croissance plus saine et plus inclusive sont posées. La vraie réussite, cependant, ne se mesurera pas uniquement aux taux de croissance du PIB. Elle dépendra de la capacité du pays à accélérer la transformation productive, c’est-à-dire à créer une industrie manufacturière locale, à générer des emplois décents en masse et, in fine, à améliorer concrètement le pouvoir d’achat et le bien-être de l’ensemble des Camerounais. C’est à cette aune que l’efficacité des réformes sera véritablement jugée dans les années à venir.
Amen K.
