Ghana : Le gaz, comment le pays s’est brûlé au feu de la Banque mondiale

Ghana : Le gaz, comment le pays s’est brûlé au feu de la Banque mondiale

Ce qui devait être une aubaine s’est transformé en fardeau. Avec la découverte de gisements de pétrole et de gaz en 2007, le Ghana espérait un tournant économique majeur. La Banque mondiale, séduite par cette opportunité, a injecté près de 2 milliards de dollars pour soutenir le développement du secteur gazier, dont 1,2 milliard pour le champ offshore Sankofa dès 2015. Mais cette stratégie, basée sur des partenariats public-privé (PPP) et des investissements massifs, a surtout engendré une spirale d’endettement et une dépendance accrue aux énergies fossiles.

Le modèle promu repose sur des contrats à clauses rigides, notamment les fameuses « take or pay », où l’État ghanéen s’engage à payer un volume fixe de gaz, qu’il l’utilise ou non. Or, les infrastructures de transformation ne suivent pas toujours, et la demande en électricité fluctue. Résultat : le Ghana paie pour un gaz qu’il ne consomme pas, ou le brûle à perte pour éviter le gaspillage.

Cette logique a poussé le pays à faire tourner des centrales thermiques à bas régime, souvent exploitées par des producteurs privés aux tarifs contractuels élevés. La facture grimpe, les subventions aussi, et ce sont les citoyens qui voient leurs tarifs d’électricité exploser, sans amélioration notable de l’accès ou de la qualité du service. La dette du secteur énergétique atteignait plus de 3 milliards de dollars fin 2024, et continue de croître à raison de 500 millions de dollars par an.

Un rapport accablant d’ActionAid Ghana et de l’ONG néerlandaise SOMO, intitulé « Gaslighting Ghana », pointe du doigt une stratégie qui fait porter à l’État tous les risques, au profit des investisseurs. Le modèle est jugé inadapté, déséquilibré, et destructeur pour la souveraineté énergétique.

Alors que la Banque mondiale envisage de relancer ses investissements dans le gaz, le cas ghanéen doit faire figure de signal d’alarme. Les auteurs appellent à l’annulation de la dette fossile et à un virage urgent vers des systèmes énergétiques publics, renouvelables et résilients.

Amen K.

admin

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