RDC : Quand l’offensive du M23 sur Uvira ébranle un accord de paix récent
Dans un revers stratégique et diplomatique majeur, les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23), soutenus par le Rwanda, ont fait leur entrée dans la ville d’Uvira, dans l’est troublé de la République démocratique du Congo. Uvira, située près de la frontière avec le Burundi, constitue une base logistique et un quartier général militaire de première importance pour l’armée congolaise (FARDC) dans la région.
Cet événement survient moins d’une semaine après la signature, sous l’égide de l’ancien président américain Donald Trump à Washington, d’un accord entre la RDC et le Rwanda censé mettre un terme aux hostilités. Cet accord était présenté comme la preuve des prouesses de négociateur de M. Trump, étant le deuxième de plusieurs pactes internationaux qu’il a salués. Cependant, comme un précédent accord de cessez-le-feu qu’il avait soutenu en Asie du Sud-Est et qui n’a pas résisté, ce dernier engagement semble déjà sérieusement mis à l’épreuve sur le terrain.
La chute d’Uvira revêt une portée symbolique et stratégique considérable. Depuis la capture de Bukavu, la capitale provinciale du Sud-Kivu, par le M23 en février dernier, Uvira servait de siège de repli à l’administration gouvernementale pour la province. Sa prise par les rebelles leur ouvre potentiellement la voie pour étendre leurs opérations au-delà du Sud-Kivu, menaçant d’autres centres urbains et approfondissant l’instabilité régionale.
Cette avancée du M23, largement documentée par les experts et les Nations unies comme bénéficiant du soutien rwandais, met en lumière la fragilité des processus diplomatiques face aux réalités complexes des conflits dans l’est congolais. Elle soulève des questions pressantes sur l’efficacité des engagements pris à distance et sur la capacité des acteurs internationaux à imposer le respect d’un cessez-le-feu.
La situation à Uvira place la communauté internationale, et notamment les médiateurs récents de l’accord, devant un défi immédiat. Elle illustre le profond fossé entre les signatures à Washington et la dynamique guerrière persistante dans le Kivu, où les groupes armés et les enjeux géopolitiques régionaux continuent de dicter leur loi.
Amen K.
